L’exposition « Archives de la vie littéraire sous l’Occupation » entendait présenter une masse de documents d’une incroyable richesse à l’Hôtel de ville de Paris : abondance et, dans le même temps, austérité puisqu’il ne s’agissait que de papiers (revues et livres, textes manuscrits ou imprimés, papiers d’identité, quelques photographies).
Revivait ainsi toute une époque dans sa complexité, cette « zone grise » dont parlait Primo Levi où se croisèrent attentistes, résistants, collaborateurs mais encore et surtout gens qui avaient pu appartenir, successivement ou en même temps, à plusieurs de ces catégories.
Notre travail consista d’une part à élaborer l’univers graphique de l’exposition elle-même (carte du Paris de l’Occupation, frise en reliefs indiquant, selon l’angle sous lequel elle était considérée, les différents pseudonymes des écrivains résistants, etc.), ainsi que les divers documents de communication (invitations, affiches, journal d’exposition, etc.).

Deux visuels différents furent retenus et exploités : d’une part une image de la Tour Eiffel, avec dans le ciel deux avions allemands. L’image était retravaillée de manière à paraître composée par l’ensemble des archives exposées. L’autre visuel, plus épuré, tenait en une simple lettre, le « V » de la victoire cher au Général de Gaulle, dessiné par des lignes qui, telles des ficelles, semblaient s’effilocher. Souffrance et résistance de la lettre, et donc du monde des Lettres... La campagne d’affichage joua la carte du teasing jour/nuit. Grâce à un système d’éclairage, les informations textuelles n’apparaissaient que la nuit, le jour ne donnant à voir que l’image nue de la Tour Eiffel et des avions. On voulait ainsi susciter la curiosité des passants, et rendre perceptible l’expérience du Paris occupé, de ses activités nocturnes, cachées, résistantes. Jugée trop polémique par le maire de Paris de l’époque, cette campagne fut la plus courte de l’histoire, puisque toutes les affiches furent retirées au bout de 24 heures…